ImageLe changement climatique a préoccupé depuis quelques décennies d’abord les écologistes, puis les scientifiques, les médias, l’opinion publique, les industriels, les compagnies d’assurance, les financiers et enfin les politiciens. Chacune de ces parties a découvert dans cette problématique tantôt une menace tantôt une opportunité pour ses activités, son fonds de commerce ou ses convictions. Le changement climatique est devenu un objet de lutte idéologique et comme tel sert aussi de paravent à des luttes de pouvoir, de notoriété ou simplement d’intérêts financiers.

La doxa défendue par les organismes officiels et internationaux, tels que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU, est  que le changement climatique est objectivement observé et qu’il est dû aux activités de la technosphère humaine et notamment au rejet dans l’atmosphère de gaz à effet de serre, dont le dioxyde de carbone (CO2). D’autres, dont la figure emblématique en France est le très contesté Claude Allègre, arguent que l’essentiel du changement climatique s’inscrit dans les cycles naturels de la nature. Certains industriels, dont les gros producteurs ou consommateurs d’énergies fossiles, principaux responsables des rejets atmosphériques, financent vraisemblablement les recherches allant dans ce sens. Le simple citoyen et consommateur, qui est le responsable premier et ultime ne se sent pas toujours coupable, puisque c’est le système qui lui impose son mode de vie destructeur de l’environnement.

Face aux savants graphiques que les uns et les autres avancent ainsi qu’aux campagnes de dénigrements réciproques, le citoyen filtre les informations et se positionne souvent en fonction de ses présupposés idéologiques.

La climatosphère est une machine extrêmement complexe avec des rétroactions des effets sur les causes. Une même cause peut avoir des effets contraires selon l’intensité, l’endroit et le moment où elle intervient. La complexité des phénomènes en jeu rend même étonnant que le climat soit suffisamment stable pour permettre l’émergence de la vie sur terre.

Quand même le CO2 rejeté par les activités humaines ne serait pas la cause principale du changement climatique, sa croissance exponentielle depuis le début de l’ère industrielle ne peut pas durer indéfiniment. Question de bons sens, aucun phénomène exponentiel n’est durable, y compris d’ailleurs celui de la croissance de la population humaine. Il est vraisemblable que le changement climatique soit une conjonction des rejets anthropiques et des cycles naturels du climat. Ces cycles naturels seraient liés, selon certains scientifiques, aux variations de l’activité du soleil, celles de l’obliquité de l écliptique (inclinaison de l’axe rotation de la terre sur elle-même par rapport au plan de rotation autour du soleil), aux champs magnétiques de la terre et du soleil, aux rayons cosmiques, à la position du système solaire dans la galaxie et d’autres sans doute. Il est possible que la climatosphère entre dans une phase chaotique pouvant durer plusieurs millénaires suite à la conjonction des cycles naturels et de la technosphère. Contrairement à la biosphère, où les uns et leurs déchets servent de nourriture des autres, cette technosphère ne semble pas pouvoir fonctionner durablement à cause de ses rejets écotoxiques irréversibles empoisonnant les sols, les airs et les eaux. En quelques décennies la biosphère, dont les échelles de temps de stabilisation sont des millénaires, doit faire face à l’attaque massive de l’homme.

Depuis la création du GIEC en 1988 et le protocole de Kyoto en 1995, de nombreuses études ont été financées et publiées ; certains gouvernements ont pris des mesures de réduction des rejets de gaz à effets de serre, les financiers ont mis en place des mécanismes d’échanges de permis d’émissions. Les jeux financiers ne profitent vraiment qu’à ceux qui les organisent. Il est difficile d’évaluer objectivement e t sans parti pris les émissions empêchées par ces mesures. Depuis lors, les rejets de gaz à effet de serre n’ont pas cessé d’augmenter ainsi que les informations médiatiques sur les catastrophes météorologiques.

Il convient de rester conscient que même une société de l’intelligence soi-disant dématérialisée émergeant de la technosphère, continuera à consommer beaucoup de matières premières et d’énergie. Elle produira toujours des déchets écotoxiques. L’énergie dissipée par une recherche sur un moteur de recherche d’internet, permettrait de chauffer une tasse de café, dit-on. Selon Eric J. Chaisson, la consommation spécifique d’énergie en joules par gramme du cerveau est dix fois supérieure à celle du corps, cent fois à celle de la biosphère mais dix fois inférieure à celle de la technosphère dans son ensemble. La consommation d’énergie spécifique des microprocesseurs est des milliers de fois supérieure à celle d’un organisme vivant. Une société de l’intelligence ne peut pas se passer de technosphère.

La technosphère et la climatosphère fonctionnent selon des logiques et des finalités différentes. Existe-t-il un modus vivendi, un champ des possibles pérenne pour les deux ?

Ce champ du co-fonctionnement possible de la technosphère humaine, de la climatosphère et de la biosphère est peut-être également à chercher du côté de la régulation de la population humaine et de ses besoins spécifiques de consommation. La réduction de la population humaine semble nécessaire si l’objectif est de concilier le développement humain et l’harmonie avec les capacités de régénération de la nature. Une réduction de la population et la modification des modes de consommation ne sont moralement acceptables qu’accompagnées de modèles sociaux basés sur la justice, un degré d’inégalités acceptable, une reconsidération des liens de pouvoirs entre le citoyen, l’autorité et les groupes identitaires.

Par ailleurs une société humaine de l’intelligence ne peut se développer que grâce à la multiplicité des cultures différentes. La probabilité d’émergence de grands esprits, d’idées et de paradigmes nouveaux capables de servir cette société de l’intelligence est fonction de cette multiplicité.

La quadrature du cercle est impossible mais il doit exister des solutions approchantes.

Donc, même si le changement climatique était un faux problème, il soulèverait tout de même de vraies questions.